Discrimination

Le racisme et le racisme systémique sont-ils toujours présents en 2020?

Afin de mieux démystifier le racisme et le racisme systémique, voici une brève définition de ces deux termes.

Racisme : le racisme est une idéologie partant de l’existence que certaines races humaines sont supérieures que d’autres et qu’il existe une hiérarchie entre elles. C’est donc avoir une hostilité envers une appartenance sociale différente de la nôtre, que ce soit en lien avec la couleur, la culture et l’ethnicité. (1)

Racisme systémique: le racisme systémique se produit lorsqu’une institution ou un ensemble d’institutions agit conjointement et maintient une inégalité raciale. Cette forme de racisme a pour effet d’engendrer des inégalités vécues par des personnes racisées notamment en matière d’éducation, de revenus, d’accès au logement et aux services publics. Ce n’est pas toujours intentionnel de la part de ces institutions et cela ne signifie pas que le personnel de l’organisme est raciste. (2)

Revenons maintenant dans le temps. Le 2 juillet 1964, le président américain Lyndon B. Johnson avait signé la loi historique sur les droits civiques qui abolissait la ségrégation raciale et les pratiques discriminatoires. Malgré la signature de cette loi, le combat pour les droits des personnes noires continua. En mars 1965, trois marches de protestation pour les droits civiques se firent à partir de Selma pour se rendre à Montgomery en Alabama, soit sur une distance de 87 kilomètres. Lors de la première marche,  sur le pont Edmund Pettus, le 7 mars 1965, les manifestants furent accueillis par des policiers les attaquant à coups de matraque. Cet événement sera historique et portera le nom de Bloody Sunday de Selma. La deuxième marche fut organisée le 9 mars 1965 par Martin Luther King Jr. Celui-ci décida toutefois de rebrousser chemin, craignant une autre attaque des policiers, puisqu’il n’avait pas reçu un jugement de la cour afin d’assurer leur protection. Malgré cela, une activiste noire fut assassinée. La dernière marche eut lieu le 21 mars 1965. Le président Johnson assura la protection des manifestants en envoyant les soldats et le FBI. Quatre jours plus tard, Martin Luther King Jr et 8 000 personnes quittèrent Selma pour se rendre à Montgomery, où 25 000 personnes furent rassemblées. Cela démontra la détermination et la résilience des personnes noires afin de pouvoir exercer leurs droits civiques.  Sans les luttes civiques acharnées de Martin Luther King Jr pour donner une voix au peuple noir, le Civil Rights Act de 1964 n’aurait jamais vu le jour!

Certaines personnes diront qu’après la signature de la loi historique sur les droits civiques abolissant la ségrégation raciale et les pratiques discriminatoires, le racisme n’existait plus et nous étions tous sur un pied d’égalité. Cependant, cela ne s’est pas tout à fait produit comme cela. Rappelons-nous qu’en 1963, Nelson Mandela avait été emprisonné pendant environ 27 années pour s’être opposé au régime de l’apartheid en Afrique du Sud. L’apartheid fut une politique introduite et réalisée en 1948 par le Parti national. Celle-ci sépara la population sud-africaine en quatre groupes : les personnes blanches/européennes, les personnes noires, les personnes de couleur ou métisses et les personnes indiennes/asiatiques. Les personnes blanches représentaient environ 15% de la population sud-africaine et se trouvaient au sommet de la hiérarchie sociale en ayant le pouvoir et la richesse, tandis que les personnes noires représentaient environ 80% de la population et étaient considérées au bas de la hiérarchie sociale ; ces dernières n’avaient pas le droit de vote, étaient pauvres, n’avaient pas accès à des terres et vivaient et travaillaient pour enrichir la population blanche. Nelson Mandela se battit pour avoir une société libre et démocratique où tous pouvaient vivre en harmonie et ensemble avec des chances égales. Même emprisonné, Mandela s’est battu pour les prisonniers et pour la population noire du pays. Ce n’est seulement qu’en 1991 que le président sud-africain déclara son intention de mettre fin au régime de l’apartheid. (3)

Maintenant, concentrons-nous sur la situation au Canada. Rappelons-nous que le Canada « s’est construit » avec le colonialisme et le racisme au détriment de la population. En 1876, le gouvernement adopta la Loi sur les indiens considérant les autochtones comme des non-citoyens. Cette loi est toujours en vigueur à l’heure actuelle.

Au Québec, en 1950, dans les écoles,  il était enseigné aux élèves qu’il y avait quatre races humaines et que la race blanche était la plus évoluée. À travers les années, je dois admettre que le gouvernement du Québec a cheminé et qu’il a fait énormément d’effort afin qu’il n’y ait plus de discrimination raciale. Il a aussi fait beaucoup d’effort afin d’avoir un accès à l’égalité dans divers emplois afin d’éviter notamment toute discrimination lors du processus d’embauche. Or, pourquoi encore en 2020, dans certains formulaires d’embauche, existe-t-il toujours une section demandant si le postulant fait partie d’une minorité visible, d’un groupe ethnique ou de la communauté autochtone? Pourquoi est-il important de savoir l’origine ethnique de la personne avant même de l’avoir rencontrée en entrevue? Cela changerait-il vraiment quelque chose pour son application au sein de l’entreprise? Ses compétences seront-elles plus ou moins prises en compte? Au tout début de l’embauche, tous les postulants devraient être sur un pied d’égalité. Selon moi, en sachant de prime abord si la personne appartient à une minorité visible, un groupe ethnique ou autochtone, c’est laisser présager qu’il y a un « quota » à respecter en lien avec le nombre de personnes à embaucher appartenant à l’un de ces groupes. Certains diront que ce genre de procédé est de la discrimination positive; selon moi, tout type de discrimination reste de la discrimination.

Dans certains corps de métier, afin qu’il y ait davantage d’application de personnes racisées, les fonctionnaires préconisent un programme conventionnel. Ce qui veut dire qu’au lieu de passer par une technique au niveau collégial contingentée où les personnes racisées risquent d’emblée d’être refusées à la technique, elles peuvent appliquer au programme conventionnel destiné aux femmes, aux minorités visibles et aux autochtones. Les postulant.e.s iraient donc directement faire une entrevue et un test pour évaluer leur expertise et leur jugement sur leur futur métier.  Si elles réussissent cette étape, elles iraient poursuivre la portion académique en faisant un AEC dans leur corps de métier. Certains diront que c’est positif, car les postulant.e.s auront plus de chances de réussir et il y aura davantage de personnes racisées dans ces emplois. Or, il n’y en a pas plus. Si nous regardons au niveau du SPVM, en 2019, seulement 25% des policiers embauchés faisaient partie d’une minorité visible, ethnique ou autochtone. C’est une augmentation de seulement 13% comparativement à 2018. (4)

Allons plus loin dans cette réflexion. Prenons comme exemple la situation suivante.  Mathieu Tremblay et Mohamed Abdel Alkhalidey ont les mêmes expériences professionnelles au Québec et les mêmes certificats académiques québécois.  Tous les deux postulent pour un poste de cadre au sein d’une grande compagnie québécoise. Toutefois, Mohamed a un peu plus d’expérience, puisque dans son pays, il a été cadre d’une grande entreprise pendant environ 15 ans. Mohamed se dit qu’il n’a pas besoin de cocher qu’il fait partie d’un groupe de minorité visible, puisque le poste est basé sur l’expérience et non sur l’ethnicité de la personne. Selon vous, qui aura plus de chances d’obtenir le poste?  Selon une étude, à Montréal, les personnes ayant des noms de famille à consonance franco-canadienne ont 60% plus de chances d’être rappelées en entrevue que celles ayant des noms de famille à consonance africaine, arabe, asiatique ou latinos. (5)

De plus, à Montréal, les personnes racisées occupent seulement 3 % des postes de haute direction et de conseil d’administration. Elles sont écartées des médias et des productions culturelles et artistiques. En outre, lorsqu’elles sont présentes, c’est de façon caricaturale. Est-il normal, en 2020, dans certains établissements, qu’il y ait quasiment aucune personne racisée dans des postes de cadre?

Depuis des décennies, plusieurs personnes dont Martin Luther King, Rosa Parks, Nelson Mandela et j’en passe se sont battues pour l’égalité des personnes différentes pour ne pas dire noires, ethniques et racisées. Depuis sa création en 1969, la ligue des Noirs du Québec, un organisme à but non lucratif, représente la communauté noire en matière de droits de la personne afin de cesser toute forme de discrimination et elle continue de le faire en 2020.  Nous devons aussi parler de Fabrice Vil, ce jeune québécois d’origine haïtienne, avocat et entrepreneur social, qui, en 2020, réalise un documentaire qui s’intitule Briser le code. Ce documentaire est basé sur des témoignages de Québécois d’origines diverses permettant d’amener la population québécoise à réfléchir sur le code du racisme. Alors, si nous devions poser la question à savoir si le racisme ou le racisme systémique existe encore aujourd’hui, pour moi, tous les exemples précédents démontrent que oui. Il est moins visible, mais il est encore présent.

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