Histoire

La place des monuments colonialistes dans les sociétés occidentales

À la suite de la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, assassiné par un policier aux États-Unis, une vague de manifestations antiracistes a vu le jour à travers la planète. Dans la foulée des manifestations, certains manifestants en ont profité pour vandaliser des monuments jugés racistes ou considérés comme un symbole colonial.


Le 10 juin 2020 au Bayside Marketplace à Miami en Floride, la statue de Christophe Colomb a reçu une douche de peinture. On accorde souvent à ce navigateur le mérite d’avoir découvert l’Amérique. Les Premières Nations le considèrent comme l’un des principaux acteurs ayant participé directement au génocide des peuples autochtones en Amérique. Voilà ce que lui reprochaient ceux qui ont vandalisé sa statue. À Bruxelles en Belgique, la statue du roi Léopold II a aussi été aspergée de peinture et couverte de graffitis. Le roi Léopold II est notamment connu pour avoir été un sanguinaire et responsable du génocide du Congo durant la colonisation. Au Royaume-Uni, la statue de bronze d’Edward Colston s’est retrouvée au fond de l’eau à Bristol. Edward Colston fut un parlementaire et un mécène anglais, mais il a notamment participé à la traite d’esclaves au 18e siècle.

Les cas que je viens de nommer ne sont que quelques exemples parmi de nombreux autres monuments représentant un personnage colonial étant tombé dans les mains des activistes antiracistes/anticolonialistes. À Montréal, force est de constater qu’il ya malheureusement plusieurs monuments représentant un personnage colonial, raciste ou esclavagiste. La statue de Dollard des Ormeaux a été vandalisée dernièrement dans le parc Lafontaine.

Depuis ces événements, le débat sur les statues a refait surface. Cet enjeu social n’est absolument pas nouveau, surtout aux États-Unis. En 2017, la ville de Charlottesville a retiré la statue de Robert Lee, un acteur important durant la guerre de Sécession puisqu’il était contre l’abolition de l’esclavagisme. Des suprémacistes blancs ont manifesté pour montrer leur mécontentement face à cette décision et cela s’est terminé en affrontement entre néonazi et des anti-manifestants. Il n’y a pas un moment historique précis qui a déclenché ce mouvement contre les statues représentant un personnage colonial par contre, on peut remarquer qu’il refait surface lorsque les tensions sociales deviennent trop fortes.

Cette année, depuis la mort de George Floyd et la médiatisation du mouvement Black lives matter, on se pose la question suivante: pourquoi gardons-nous ces monuments dans notre espace public? Deux camps s’affrontent lorsqu’on aborde cette question. D’un côté, il y a ceux qui veulent retirer le plus de statues possible représentant un personnage colonial en argumentant que ce n’est absolument pas pertinent d’avoir ce genre de monuments dans l’espace public puisque cela ne fait que contribuer à rendre hommage à des colonisateurs. De l’autre côté, il y a ceux qui veulent absolument ne rien changer à ces monuments en expliquant que cela fait partie de l’histoire de la nation.

Certains chefs d’État, comme le président français Emmanuel Macron et le premier ministre Boris Johnson, ont annoncé qu’ils feront tout pour protéger ces monuments du vandalisme. Le président français a aussi clairement expliqué qu’il n’avait aucune intention de retirer quelconque statue représentant un personnage colonial puisqu’il considère que cela représente le passé de la nation française.

Cependant, d’autres politiciens restent ouverts au changement. Le maire de la ville de Toronto, John Tory, a mis en place un groupe pour repenser certains noms de rues. Il pense notamment renommer la rue Dundas, qui fait référence à Henry Dundas, connu pour avoir retardé l’abolition de l’esclavage de quinze ans dans l’Empire britannique.

Également, Montréal a décidé d’emprunter cette voie en 2019 alors que la mairesse Valérie Plante a accepté de renommer la rue Amherst par la rue Atateken. Jeffery Amherst fut un général britannique connu pour avoir offert des couvertures infestées par la variole aux Autochtones. La rue a été rebaptisée Atateken qui signifie « fraternité » en Mohawk. le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a salué ce geste. Ce changement de rue a été aperçu comme une preuve de la part de Montréal pour son engagement envers les communautés autochtones qui habitent dans la métropole.

En tant qu’ancienne colonie, en tant que société qui vit sur un territoire non cédé, nous sommes arrivés au point où il serait temps d’aborder notre passé colonial tel qu’il est d’accepter qu’il existe réellement, mais surtout d’accepter et de dénoncer les atrocités commises par ceux à qui nous avons décidé de rendre hommage dans notre espace public par des monuments. Par contre, les paroles ne suffisent pas, le changement de nom d’une rue ne suffit pas. Les communautés racisées ont besoin de gestes forts et concrets qui auront un impact socio-économique direct sur leurs vies. Retirer une statue faisant la gloire de la colonisation est une première étape pour décoloniser notre espace public. L’étape suivante serait décoloniser nos institutions.

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